La dénutrition touche près de 2 millions de personnes en France, principalement les personnes âgées et les patients hospitalisés. Ce trouble nutritionnel grave, souvent méconnu, correspond à un déséquilibre entre les besoins nutritionnels et les apports alimentaires, entraînant une perte de poids involontaire et des carences multiples. Nous vous proposons aujourd’hui un tour d’horizon complet de cette problématique majeure de santé publique, pour mieux la comprendre et l’identifier.
La dénutrition représente un enjeu considérable dans notre société vieillissante. Elle concerne 4 à 10% des personnes âgées vivant à domicile, mais ce chiffre grimpe à 15-38% chez celles résidant en établissement spécialisé. Cette condition affecte également 20 à 40% des patients hospitalisés, selon la Haute Autorité de Santé.
Qu’est-ce que la dénutrition exactement ?
Nous définissons la dénutrition comme un état pathologique résultant d’un déséquilibre entre les apports nutritionnels et les besoins de l’organisme. Cette situation provoque une diminution des réserves énergétiques et protéiques, affectant progressivement le fonctionnement de tous les organes.
La dénutrition se caractérise par une perte de poids involontaire supérieure à 5% en un mois ou 10% en six mois chez l’adulte. Pour approfondir vos connaissances sur cette thématique complexe, il y a à découvrir sur ce site des ressources spécialisées développées par des professionnels de santé.
Les mécanismes physiopathologiques
L’organisme puise d’abord dans ses réserves graisseuses, puis dans sa masse musculaire pour compenser les apports insuffisants. Cette dégradation progressive entraîne une fonte musculaire, une diminution de l’immunité et une altération des fonctions cognitives.
Les différents types de dénutrition
Nous distinguons deux formes principales : la dénutrition protéino-énergétique (la plus fréquente) et les carences spécifiques en vitamines ou minéraux. La première combine un manque d’apports caloriques et protéiques, tandis que la seconde concerne des micronutriments particuliers.
Les causes multiples de la dénutrition
Les origines de la dénutrition sont nombreuses et souvent intriquées. Nous identifions plusieurs catégories de causes qui peuvent se combiner chez une même personne.
Causes liées au vieillissement
Le processus naturel du vieillissement favorise la dénutrition par plusieurs mécanismes. La diminution de l’appétit (anorexie du vieillissement) touche 15 à 30% des personnes âgées. Les troubles de la déglutition concernent 68% des résidents en EHPAD, rendant l’alimentation difficile et parfois dangereuse.
Les modifications sensorielles jouent également un rôle majeur. La perte du goût et de l’odorat, présente chez 80% des plus de 80 ans, réduit considérablement le plaisir alimentaire et donc les prises alimentaires.
Facteurs socio-économiques
L’isolement social affecte 3,9 millions de personnes âgées en France. Cette solitude influence négativement les habitudes alimentaires : les repas deviennent moins structurés, moins variés et moins appétissants. Les difficultés financières limitent l’accès à une alimentation de qualité, particulièrement problématique quand 3,4 millions de retraités vivent avec moins de 1000 euros mensuels.
Pathologies et traitements
Nombreuses sont les maladies qui favorisent la dénutrition. Les affections digestives (ulcères, maladies inflammatoires chroniques intestinales) perturbent l’absorption des nutriments. Les cancers augmentent les besoins énergétiques tout en diminuant l’appétit. Les démences, touchant 1,2 million de personnes en France, altèrent la reconnaissance des aliments et la capacité à s’alimenter.
Certains médicaments aggravent la situation : les antidépresseurs, les diurétiques ou les chimiothérapies peuvent provoquer nausées, vomissements ou perte d’appétit.
Comment reconnaître les signes d’alerte ?
Nous devons rester vigilants face aux signaux d’alarme qui peuvent révéler une dénutrition débutante ou installée.
Signes physiques évocateurs
La perte de poids reste le signe le plus évident, mais d’autres manifestations doivent nous alerter. L’amaigrissement du visage, la fonte musculaire visible au niveau des tempes, des bras ou des cuisses constituent des indicateurs précoces.
La fatigue chronique, l’essoufflement à l’effort, les infections répétées signalent un affaiblissement général de l’organisme. Les troubles de la cicatrisation, les chutes répétées ou les fractures spontanées peuvent également révéler une dénutrition.
Modifications comportementales
Nous observons souvent des changements dans les habitudes alimentaires : diminution des portions, refus de certains aliments, désintérêt pour les repas. L’apathie, l’irritabilité ou les troubles de la concentration peuvent accompagner ces modifications.
Critères de diagnostic
Le diagnostic repose sur des critères précis établis par la Haute Autorité de Santé. Nous utilisons l’indice de masse corporelle (IMC inférieur à 21 kg/m² chez l’adulte de moins de 70 ans, inférieur à 22 kg/m² au-delà), la perte de poids et l’albuminémie (inférieure à 35 g/L).
Stratégies de prévention et de traitement
La prise en charge de la dénutrition nécessite une approche globale et personnalisée, impliquant différents professionnels de santé.
Prévention nutritionnelle
Nous recommandons une surveillance régulière du poids, idéalement hebdomadaire chez les personnes à risque. L’enrichissement alimentaire constitue une stratégie efficace : ajout de poudre de lait, d’œufs, de fromage râpé ou d’huile aux préparations habituelles.
Le fractionnement des repas en 5 ou 6 prises quotidiennes facilite les apports chez les personnes ayant peu d’appétit. L’adaptation des textures (mixé, haché) permet de maintenir une alimentation variée malgré les troubles de la déglutition.
Compléments nutritionnels oraux
Quand l’alimentation classique ne suffit plus, nous proposons des compléments nutritionnels oraux (CNO). Ces produits, disponibles sous forme de boissons, crèmes ou soupes, apportent 200 à 300 calories par portion. Leur prescription médicale permet un remboursement par l’Assurance maladie.
Nutrition artificielle
Dans les cas sévères, la nutrition entérale par sonde ou la nutrition parentérale peuvent s’avérer nécessaires. Ces techniques, utilisées en milieu hospitalier ou à domicile, permettent d’apporter directement les nutriments essentiels.
Approche multidisciplinaire
La prise en charge optimale associe médecins, diététiciens, orthophonistes et psychologues. Cette équipe pluridisciplinaire évalue les besoins, adapte les traitements et accompagne les patients dans leur rééducation nutritionnelle.
La dénutrition, bien que fréquente et grave, peut être prévenue et traitée efficacement. La sensibilisation des familles, des soignants et du grand public reste fondamentale pour améliorer le dépistage précoce. Une prise en charge adaptée permet dans la majorité des cas d’améliorer significativement la qualité de vie et le pronostic des personnes touchées. N’hésitez pas à consulter un professionnel de santé dès les premiers signes d’alerte.





